Jean-Pierre BAUXDE - Provence Rugby

L'encadrement

Jean-Pierre BAUXDE

Homme discret, Jean-Pierre Bauxde est l'intendant de l'équipe 1 du Provence Rugby. Ses missions ? Toutes les missions. Salarié du ministère de la Justice, où il coordonne l'aide juridictionnelle, Jean-Pierre Bauxde est l'une des clés de voûte du Provence Rugby. Qu'il a, visiblement, au plus profond de son cœur. Portrait.


Là, comme ça, l'idée de lui consacrer un portrait ne l'a guère enchanté. Parce que Jean-Pierre Bauxde est ainsi : "j'aime lorsqu'on ne parle pas de moi. Les réceptions et les choses officielles en général, je n'aime pas trop ça. Je ne suis pas à l'aise…", dit-il. Et puis on a commencé à parler rugby. Et du Provence Rugby. Il n'en fallait pas beaucoup plus pour que l'administratif de l'équipe 1 se livre. Mais pas trop quand même : "Je suis un dinosaure du rugby… Je viens de ce rugby amateur, là où une poignée de main suffisait. Voir comment le rugby est en train de tourner, parfois ça m'inquiète…", dit-il. Justement, contrat ou argent sont des mots qui le rebutent légèrement : "ça n'est pas la peine. Ma parole suffit. Moi, il n'y a aucun papier qui me lie avec le Provence Rugby, il n'y en a pas besoin, je fonctionne comme ça", explique-t-il.


Cinq saisons pleines après son jubilé


Et cela fait 25 ans que ça dure ! Au début, une histoire d'amour avec Dédé Dupouy, commencée sous la forme du "Je t'aime, moi non plus" : "Ma carrière professionnelle m'a amené dans le Sud, à Aubagne. J'y ai joué pendant 13 ans. Chaque semaine, c'était des derbys. J'étais le cauchemar de "Dédé" Dupouy (actuellement entraîneur des Espoirs du Provence Rugby et ancien entraîneur de l'équipe 1), l'ennemi juré, celui qui l'empêchait de dormir. Car même si tu étais plus fort, on savait comment faire pour t'embêter". Et puis l'ancien numéro 6 se brouille avec le club aubagnais : " Dédé m'a alors déroulé le tapis rouge. J'arrive à Aix en octobre 1988, à 34 ans. Quelques jours après mon arrivée, je me blesse longtemps, et je reviens juste à temps pour les phases finales. Au bout de cette phase finale, il y a la montée en Fédérale 2. Un formidable souvenir et une fin de carrière en apogée. Du moins, le croit-on : "J'avais dit que j'arrêterais alors je fais mon jubilé, avec quelques grands joueurs toulonnais, comme de Rougemont ou Cauvy…". Mais cette montée aura pour conséquence l'exil de nombreux joueurs du club vers la première division : " "Dédé" m'a alors demandé de continuer, pour encadrer les jeunes…" Et voilà comment continuer le rugby pendant cinq saisons pleines, après avoir fait son jubilé… Jusqu'à 40 ans !


"Le rugby, je le compare à la franc-maçonnerie"


De toute façon, le rugby est Jean-Pierre Bauxde ne font qu'un. "J'ai commencé à 12 ans, et je n'ai jamais arrêté. Ah si, pendant six mois j'ai fait de l'athlétisme pour faire plaisir à ma mère, se rappelle-t-il. Mais me battre tout seul, ça ne m'intéressait pas. Je préfère me battre avec mes amis", explique-t-il, très simplement. Le rugby comme un art de vivre. Et même plus : "Moi, le rugby, je le compare un peu à la franc-maçonnerie : lil m'a permis d'avoir des entretiens et puis, par la suite, de décrocher des boulots. Quand tu te retrouves face à quelqu'un, que tu t'aperçois que tu as le rugby en commun, ça aide, ça t'ouvre des portes. J'ai eu des boulots comme ça !", sourit-il celui qui, désormais, consacre son temps à l'aide juridictionnelle. "Tu sais, lorsque les gens n'ont pas les moyens de payer les frais de justice et que l'État se substitue à eux...", explique-il.


"Un bénévole professionnel"


Du coup, le natif d'Oran s'est mis en tête de rendre au rugby ce qu'il lui avait offert. Chaque jour de la semaine, c'est trois heures de son temps consacrées au Provence Rugby : "de 20 heures 30 à 23 heures 30, c'est le club, tous les jours. Et parfois même depuis le boulot. Quand on m'appelle, comment veux-tu que je fasse…?". Sans compter les samedis ou dimanches passés à accompagner l'équipe en déplacement. "Et quand on ne joue pas, je suis comme un lion ! ", reconnaît ce fils de légionnaire. Sa mission ? Pêle-mêle : l'envoi de la feuille de match à la Ligue, l'accueil des arbitres, le choix de l'hôtel lorsque le club se déplace, l'itinéraire à suivre, la composition des chambres… La mission est difficilement qualifiable. mais ce n'est pas très grave, elle est parfaitement exécutée : "c'est un bénévole professionnel. On aurait un salarié, il ferait pas mieux", peut-on entendre dans les entrailles du club. Lui, de son côté, espère simplement qu'on retiendra qu'il était "quelqu'un de bien, qui faisait bien son travail". En toute discrétion, comme d'habitude.