Alors que les Noirs s’apprêtent à disputer les demi-finales d’accession à la Pro D2, ce samedi à 18h00 face à Nevers, nous avons joint Sébastien Bisciglia, l’emblématique capitaine des Noirs, le dernier en date à avoir permis au club d’atteindre le deuxième échelon du rugby français. Il a suffi de prononcer les mots « phase finale » pour lancer « Bibi ». Alors qu’il s’apprête à les disputer avec son club de Hyères-Carqueiranne en Fédérale 2, celui qui installe désormais des systèmes de chauffage et de climatisation, parle, avec passion, de ces rencontres particulières si chères au rugby.
« Qu’ils gagnent d’un demi-point
et ça suffira »
Provence Rugby démarre les phases finales samedi. Ce sont des rencontres très particulières…
C’est clair. Elles n’ont pas du tout le même parfum que les matchs de poule. Ça sent bon le printemps, il fait chaud, la fanfare est dans la tribune, le terrain est bon… Il y a vraiment une atmosphère particulière. C’est la première des choses. Après, ce sont des matchs couperets. Chaque point compte. Les mecs redoublent d’attention pour ne pas faire de fautes et pour éviter des pénalités stupides. Ce sont des matchs stressants. Bien souvent, les matchs « aller » ne sont pas les meilleurs matchs parce que les équipes ne veulent pas prendre le risque de tout perdre.
Des matchs que les rugbymen adorent…
On joue pour ça, ce sont des matchs magnifiques. A la fin, soit tu exploses de joie dans un moment merveilleux et inoubliable, soit tu pleures. Émotionnellement, tu passes de la joie aux larmes en une fraction de seconde, c’est incroyable. C’est noir ou blanc. Il n’y a pas de gris. Soit l’aventure continue, et tu es en mode survie pour une semaine de plus, soit c’est fini pour toi et tu peux prendre ton bateau et ta canne à pêche pour aller passer du bon temps…
La saison a été difficile pour Provence Rugby. Est-ce que tu es d’accord pour dire qu’une nouvelle saison commence ?
C’est mezzo-mezzo… Tu engranges quand même de la confiance par rapport aux matchs que tu livres tout au long de la saison. C’est là que les automatismes se créent… Et là, c’est vrai que ce n’est pas fait pour rassurer les joueurs aixois cette année. Maintenant, c’est aussi vrai que c’est quelque chose de complètement différent qui va commencer. Où chaque équipe part sur le même pied d’égalité. Tu n’as plus rien à perdre, tu lâches tout.
Si je devrais choisir, je dirais quand même qu’une confrontation aller-retour récompense la régularité tout au long de la phase de poule. Je ne t’aurais pas dit la même chose sur un match « sec »où tout le monde peut battre tout le monde. Mais la dernière victoire des Noirs à l’Orange Vélodrome est très importante, j’espère qu’elle va leur servir. Qu’ils gagnent d’un demi-point et ça suffira.
« Tout est décuplé »
Est-ce que ces rencontrent demandent un état d’esprit particulier ?
Normalement, le groupe s’est préparé tout au long de la saison. Lors de la semaine qui précède, les mecs sont généralement stressés et il faut surtout réussir à les canaliser. Leur rappeler l’importance de ne pas faire de faute, car la moindre d’entre elles peut aboutir à l’élimination de l’équipe. Maintenant, lorsque tu as 14 points à rattraper, comme cela était notre cas face à Chambéry, là tu es en mode guerrier tout au long de la semaine. Mais là, on est sur un match aller, le capitaine leur rappellera probablement qu’ils sont dans une semaine cruciale. Mais je pense, du moins j’espère, que tout le monde est prêt.
Jouer une rencontre aller à domicile, ça change quelque chose ?
Dans les têtes, c’est mieux de recevoir au retour. Ça te permet de gérer ton effort sur ta pelouse, devant ton public. Maintenant, la première année où l’on monte (la 2ème fois pour le club après 2004, ndlr), c’est en gagnant à Carcassonne (en 2009), au match retour justement, qu’on décroche la montée. Aller ou retour à la maison, tout ça reste un match de rugby, avec tout ce que cela comporte, et notamment l’appui du public. Mais ça ne fait pas tout, loin de là.
Qu’est-ce que tu retires, toi, de toutes ces rencontres de phase finale ?
Il y a tout qui est décuplé : le stress, le bonheur, la pression. Tout ton corps est en éveil, tout est « fois 10 » ! Et pour les victoires, ça reste des moments formidables avec tous les copains.